Le Château de Gisors et le trésor des Templiers
Capitale du Vexin Normand, Gisors au carrefour de la Normandie, de la Picardie et de l’Ile de France, s’est enrichie de la diversité de chacune de ces régions. Ancienne ville médiévale, elle présente au détour de ses rues et ruelles, un patrimoine prestigieux de plusieurs siècles. L’impressionnant château à motte féodale, domine la ville et offre un témoignage exceptionnel des constructions militaires médiévales anglo-normandes et françaises. C’est dans cet écrin, enveloppé de la légende mystérieuse du trésor des templiers, que l’office de tourisme a mis en place son spectacle Gisors, La Légendaire ©. L’église St Gervais St Protais, aux ambitions de Cathédrale, constitue un très bel exemple d’éclectisme qui permet de suivre l’évolution architecturale du Gothique à la Renaissance. Chaque lundi et vendredi matin, la ville fourmille au rythme de son marché, tradition du 12ème siècle, connu pour la variété et la richesse de ses étals. Les foires à tout de juin et de septembre livrent la ville aux piétons qui ont l’occasion rêvée de chiner et de dégoter des trésors inespérés… Le canton avec ses forêts, ses plans d’eau et ses verdoyantes vallées est à même de satisfaire les amoureux de la randonnée sous toutes ses formes ainsi que les amateurs de pêche et de golf. Pour les enfants, de nombreuses activités sont également proposées au travers de fermes pédagogiques et des parcs de loisirs. A seulement une heure de Paris, Rouen et Evreux et une demi-heure de Beauvais, Vernon et Giverny, Gisors, étape de trois routes historiques, a inspiré Picasso (à Gisors) et Pissarro (à Eragny/Epte), peintres de renommée mondiale.
Le Château de Gisors
Gisors a une longue histoire comme forteresse militaire maîtresse entre les deux Vexin, français et normand. Dès la fin du 11e siècle, une motte imposante faite de terre et de pierres, consolidée par des troncs de bois internes est construite par le deuxième fils de Guillaume le Conquérant. Au-dessus de cette motte, une première fortification appelée « chemise » et une grande tour en bois sont dressées.
Au 12e siècle, la dynastie des Plantagenêts va embellir le site par des fortifications puissantes. Les principaux éléments en pierre apparaissent. Le château est doté d’une basse-cour longue de plus de 800 mètres, au milieu de laquelle se trouvent la motte et un donjon octogonal massif en pierre. De grandes murailles sont bâties, agrémentées de tours de guet de formes multiples, encore visibles sur le site. Ce sont des tours quadrangulaires à bec, des tours en « u », des tours circulaires à plusieurs niveaux d’archères.
Les Rois de France, à partir du 13e siècle, vont conquérir Gisors par la sueur et le sang et agrandir le château par la construction de tours monumentales. La tour du Prisonnier est élevée à l’extrémité du plateau. Il s’agit d’une tour maîtresse circulaire à trois niveaux.
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Pendant la guerre de Cent Ans, le château devient une forteresse clé, enjeu des partis anglais et français. Au milieu du 15e siècle, le château, après un siège de 3 semaines, sera même un temps occupé par les fiers Anglais. Reprise ensuite par le Roi de France, la forteresse va subir de profonds remaniements qui vont lui permettre de s’adapter à l’évolution de l’artillerie et de se moderniser. Elle est entourée d’un mamelon de terre, nouveau rempart face aux assauts des canons et arquebuses. Un bastion en forme d’as de pique est réalisé sur le plateau (avec salle souterraine et casemate). Une fausse-braie est construite sur une partie du rempart : c’est une galerie couverte qui permettait aux soldats du château de se protéger des assauts. Le château devient résidence royale avec la construction dans la basse-cour de communs et même d’un logis seigneurial dont il subsiste encore les caves (situées sous le parterre de fleurs, face à l’entrée depuis la place Blanmont).
En 1605, Sully décide le démantèlement du château de Gisors, à l’instar des sites militaires français : Gisors, dès lors, n’a plus d’intérêt stratégique comme bon nombre de châteaux féodaux au 17e siècle. Une partie des communs est détruite, certains bâtiments deviennent prisons du bailliage de Gisors. Le logis royal tombe même en ruines : les pierres sont dérobées. A la Révolution française, le château devient bien communal.
Actuellement, il reste encore le monument emblématique de la Ville de Gisors. Sur place, en visite libre ou guidée, vous pouvez parcourir l’enceinte monumentale, voir les tours de guet et la tour du prisonnier. A l’extérieur du château, vous traverserez les douves sèches, appelées bannetons. Cette promenade ombragée, entre tours de guet et mamelon de terre, vous permettra de voir les diverses constructions militaires. A l’intérieur du château, la basse-cour, devenue jardin public dans lequel se trouvent la motte et ses vestiges, vous invite aussi à la promenade à l’ombre de ses arbres centenaires. Depuis son extrémité est, vous pouvez admirer les maisons moyenâgeuses de la Ville, situées en contrebas du plateau fortifié.
La Légende du Trésor des Templiers
Il faut remonter au XIIe siècle. Objet de convoitises entre le royaume de France et l’Angleterre, le château est confié pendant trois ans à l’ordre du temple, le temps que se négocie le mariage entre la fille de Louis VII et le fils d’Henri II Plantagenêt. Deux siècles plus tard, Philippe le Bel y fait incarcérer Jacques de Molay, grand maître de l’ordre avant de le faire brûler en 1314.
Son objectif : mettre la main sur la fortune de l’ordre. Mais la veille de l’arrestation de tous les templiers, le 13 octobre 1307, une poignée d’entre eux aurait quitté Paris avec trois chariots remplis d’or en direction de l’Angleterre : ils ont pu s’arrêter à Gisors et trouver une cache dans ce château qui leur avait appartenu. Celui qui construisit le premier édifice en 1096, Robert de Bellême, était lui-même un chevalier du temple.
Roger Lhomoy sait-il tout cela ? En tout cas notre gardien ne se montre pas convaincant. Le trou est rebouché et les recherches abandonnées. En 1960, Roger raconte son histoire à un journaliste passionné par les histoires de trésor, Gérard de Sède. Un livre sort : Les Templiers sont parmi nous, et André Malraux, alors ministre de la culture, ordonne de nouvelles fouilles. On ne trouvera jamais rien.
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Trésor ou pas, le château vaut bien votre visite. C’est un impressionnant témoin des conflits sans fin qui opposèrent Français et Anglais au Moyen Âge. L’enceinte du XIIe siècle a encore fière allure, avec ses tours rondes, carrées, polygonales et ses murs hauts de 10 mètres. Une partie du côté de la porte de la ville possède encore une fausse braie, c’est-à-dire un deuxième rempart plus petit qui permettait de protéger le plus grand depuis le fossé.